15 août 2012

Le Meurtre de Roger Ackroyd : audace romanesque

Agatha Christie, 1926

Titre original : The murder of Roger Ackroyd

Traduit de l'anglais par Francoise Jamoul

 

Résumé : Un soir, dans le petit village de King's Abbot, le riche industriel Roger Ackroyd se confie à son ami le Dr Sheppard. Mrs Ferrars, retrouvée morte le matin même, s'est suicidée pour échapper à un chantage. Dans une dernière lettre, elle révèle  le nom de celui qui sait qu'elle a empoisonné son mari un an plus tôt. Quelques heures plus tard, Ackroyd est retrouvé assassiné. Malheureusement pour l'assassin, Hercule Poirot a décidé de passer sa retraite au village. C'est l'occasion rêvée pour lui de reprendre du service.

Je retrouve Agatha Christie et Hercule Poirot avec plaisir dans ce nouveau roman. Bien que quelque peu viellissant, Hercule Poirot reste fidèle à lui même : petit homme rondouillard, soucieux de son image, imbu de lui-même et surtout....à qui rien n'échappe. Et heureusement, car le dénouement de cette histoire est on ne peut plus surprenant !

Comme d'habitude, Agatha Christie crée une galerie de personnages qu'on soupçonne tous tour à tour au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. L'assassin serait-il Parker le majordome ? Ou bien Ralph Paton ayant disparu juste après le crime ? Ou encore Flora Ackroyd, innocente en apparance ?  Ils ont tous un mobile mais également un alibi ! Et en effet, l'enquête est bien plus compliquée que cela.

ATTENTION SPOILER : CE QUI SUIT RÉVÈLE LE DÉNOUEMENT DE L’ENQUÊTE

Vous voilà prévenus. J'aimerais parler un peu plus de la narration dans ce roman et cela nécessite de révéler la fin du livre.

Comme dit plus haut, le dénouement de l'enquête de Poirot est on ne peut plus surprenante car l'assassin se révèle être...le narrateur en personne ! Eh oui ! L'innocent Dr Sheppard aidant prétendument Poirot dans son enquête est le véritable assassin. Et c'est d'ailleurs pourquoi le résultat est si surprenant. A-t-on jamais vu le personnage le plus proche de l'enquêteur et qui se révèle en plus de cela le narrateur, être en réalité la clef de l'enquête ? C'est pourtant bien le cas ici. Le pire, c'est que Sheppard n'a pas mentit une seule fois dans son récit. Agatha Christie a eut l'intelligence de recourir à l'omission ou à des formules détournées lors du récit du meutre. Et c'est en réalité dans ces petites phrases apparemment sans interêt que réside toutes les clefs du mystère. D'où l'interet d'une seconde lecture dans laquelle le lecteur est cette fois-ci complice de l'assassin. Ajoutez à cela différentes fausses pistes et histoires parallèles venant parasiter le récit et vous vous retrouvez avec un dénouement inimaginable.

Au délà de cette audace réside également un point important dans l'étude de tout roman, celui de la confiance que l'on place en le narrateur. En effet, quand on décide de lire un livre, on part du principe que l'on peut croire le narrateur, que celui-ci n'essayera pas de nous dissimuler la vérité. Dans le Meurtre de Roger Ackroyd, le lecteur découvre pourtant qu'il a été abusé par le narrateur et c'est peut être même plus cette découverte qui provoque la délicieuse surprise finale.

Sans vouloir me vanter, je peux avouer que j'avais découvert l’identité de l'assassin avant qu'elle ne soit révélée. Bon je n'avais aucune idée quand à son mobile ou aux détails du meurtre. Sachant que je suis toujours surprise avec Agatha Christie, j'ai tout simplement parié sur le plus improbable. Il s'est finalement avéré que j'avais raison !

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"Ackroyd était assit là où je l'avais laissé, dans un fauteuil, devant la cheminée. Sa tête reposait sur le côté et, tout près du col de sa veste, on distinguait nettement un objet de métal, courbe et luisant"