12 avril 2014

The Hunger Games: pas que pour les ados

Susan Collins, 2008

Résumé: Panem, nation post-apocalyptique située sur les ruines de l'Amérique du Nord. Le pays est divisés en 12 districts plus ou moins pauvres et contrôlés par Le Capitol. Chaque année, deux jeunes de chaque district, un garçon et une fille âgés de 12 à 18 sont tirés au sort pour participer aux Hunger Games, un jeu télévisé lors duquel les participants doivent s'entretuer jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un vainqueur. Lorsque sa petite sœur est tirée au sort pour représenter le District 12, Katniss Everdeen, 16 ans décide de se porter volontaire afin de sauver la vie de sa sœur.

J'avoue avoir été assez dubitative au début, ayant déjà vue les deux premiers films avant de lire le livre (chose qui ne m'arrive quasiment jamais, j'essaye toujours de lire le livre avant de voire le film), j'ai été assez surprise de constater que le livre était écrit du point de vue de Katniss, j'imaginais plutôt un narrateur omniscient. Cette narration à la première personne m'a plutôt énervée dans la première partie du roman, j'avais l'impression que Katniss passait son temps à se plaindre et à critiquer tout et tout le monde. Bien sûr elle a des raisons pour, mais elle me tappait parfois sur le système ! 
Cependant, si cette narration est irritante dans la première partie du roman, elle prend tout son sens et est beaucoup mieux menée à partir du moment où Katniss entre dans l'arène. Au lieu de chouinades ( qui auraient pourtant étés justifiées, parce que je sais pas vous mais moi après plusieurs semaines de faim, de froid et de manque de sommeil, je suis un appareil à plaintes sur pattes !), au lieu de chouinades donc, on suit les plans de Katniss pour survivre dans l'arène, ses sentiments face à la situation et aux différents évènements. Élément essentiel à mon sens car il permet clairement de comprendre le jeu que joue Katniss dans ce monde d'apparence. Car le vainqueur des Hunger Games n'est pas forcément le plus fort ou le meilleur à zigouiller les autres mais celui ayant la meilleure stratégie et surtout, celui qui saura s'accorder les faveurs du public !

J'ai également beaucoup aimé le message du livre qui n'en fait pas pour moi qu'un livre pour ado pré-pubères. Si certains seront plus intéressés par l'histoire "d'amour" développée et l'espèce de triangle amoureux montré dans les films, d'autres se concentrerons sur d'autres aspects tels que les dangers du totalitarisme, les dérives d'une société profondément injuste et basée sur l'apparence et la critique de la télé-réalité.

En bref, même si le style peut parfois laisser à désirer, le roman aborde des thèmes intéressants et l'histoire est bien ficelée. On a  envie de connaître la suite et je vais certainement lire les deux autres romans de la série.

21 janvier 2014

Au début d'un bel été: où l'on apprend ce qu'est un nimbe

Jacques Duquesne, 1988

Résumé : Une mère partie, un père trop peu présent, trop de promesses non tenues et un cambrioleur qui pénètre dans la maison. C'en est assez pour Jérôme pour disparaitre, comme ça, en pleine après-midi avec pour seul bagage Les Misérables. Il fera bien vite la connaissance de Brendalyne et de Fiacre abandonnés eux aussi. D'aventures en aventures dans les rues de Paris, les enfants essayeront de rétablir l'ordre.

Au début d'un bel été est un entre-deux. C'est avant tout une histoire de tendresse, de générosité et d'amour qui nous fait découvrir des personnages formidables, une vieille prof  qui, comme les quatre-quarts du goûter est "pur beurre pur sucre", un patron de bar malhabile mais gentil, une mamie effrayante mais pas tant que ca etc...Toute une galerie de personnages authentiques et touchants. Cependant, l'histoire  raconte également la dureté de la vie, les relations difficiles entre adultes et les conséquences dont les enfants font souvent les frais. On dit souvent que les enfants sont cruels, ce qui est certainement vrai, Jacques Duquesne nous révèle ici que les adultes le sont tout autant, si ce n'est plus.

La bonne nouvelle c'est que les enfants sont forts, ce monde a beau être absurde et cruel cela n’empêche pas les enfants d'aimer et de rêver, à Biarritz, à des yeux éclatants, à une vie meilleure. Certains y verront la naïveté typique de l'enfance, j'y voit là de l'espoir et de la sagesse.

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" - Si beaux, murmure-t-il après un silence. Si beaux. Des fleurs et des fruits. Des soleils et des oiseaux.
Il balbutie, répète "des soleils, des oiseaux, des fleurs", rêve d'être poète pour trouver d'autres mots à la mesure de cette éblouissante beauté, frissonne encore, presque saisi d'un vertige."

2 octobre 2013

Sparkling Cyanide : les dangers de l'alcool

Agatha Christie, 1945


Résumé : Le soir de son anniversaire, Rosemary s'effondre sur la table, empoisonnée. L'enquête conclue à un suicide. Mais un an plus tard, dans le même restaurant, à la même table, son mari meurt après avoir bu son verre de Champagne. Qui avait donc intérêt à la mort de George ? Et si la mort de Rosemary n'était pas due à un suicide après tout ? Le Colonel Race mène l'enquête.

Je suis en Angleterre en ce moment, il me fallait donc lire un Agatha Christie ( pour ceux qui ne le sauraient pas, c'est un passage obligé lors d'un séjour dans la patrie de Billy Shakespeare). Mon choix s'est porté sur Sparkling Cyanide un peu au hasard, j'aurais préféré une aventure d'Hercule Poirot mais il n'y en avait pas à la bibliothèque. J'avoue ne pas avoir été très emballée par ce roman, notamment car l'enquêteur, le Colonal Race est trop plat pour moi, il n'est là que pour enquêter et ne se montre pas très intéressant au final. De plus, si Agatha Christie monte d'ordinaire des histoires très bien ficelées, quelques éléments de celle-ci me semblent quelque peu tirés par les cheveux.

Cependant, j'ai beaucoup aimé le fait que l'on ai accès aux pensées et aux motivations de tous les personnages nous permettant à nous aussi de mener l'enquête. Bon, même avec cette aide je n'ai pas réussi à trouver le meurtrier ! Je pense que j'ai encore besoin d'un peu d'entrainement en matière de romans policiers...direction la bibliothèque !

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" -What about cyanide? Was there any container found ?
- Yes. A small white paper packet under the table. Traces of cyanide crystals inside. No fingerprints on it. In a detective story, of course, it would be some kind of paper or folded in some special way. I'd like to give these detective story writers a course of routine work. They'd soon learn how most things are untraceable ans nobody ever notices anything anywhere."

15 septembre 2013

Tales of the city: disco, drogue et débauche

Armistead MAUPIN, 1978




Résumé : Dans les années 70, Mary Ann Singleton, jeune secrétaire naïve quitte Cleveland pour San Fransisco. Elle emménage dans un petit immeuble sur Barbary Lane. Elle fait là-bas la connaissance de ses voisins, Michael jeune homosexuel à la recherche de l'amour et Mona jeune femme mystérieuse ainsi que de sa logeuse Anna Madrigal, ancienne libraire qui cultive aujourd'hui sa propre marijuana.

Et de trois ! Voila un autre roman culte de lu pour le challenge de Métaphore. Lecture due totalement au hasard je l'avoue, ma sœur me l'a prêté et ce n'est qu'après que j'ai réalisé qu'il rentrait dans le challenge. Heureuse coïncidence !

Les chroniques de San Fransisco (car c'est bien là le titre français) sont, comme le titre l'indique de petits chroniques. C'est à dire que le romans est divisé en chapitres très courts (environ 2/3 pages) qui décrivent les aventures des différents personnages. On s'y perd un peu au début car il y a vraiment un très grand nombre de personnages qui sont tous liés entre eux d'une façon ou d'une autre. Untel est le mari d'unetelle et travaille avec cet autre. Celui-ci a rencontré celle-là au supermarché et est l'amant de sa voisine etc...Il faut un peu de temps avant d'arriver à se dépatouiller dans cet immense réseau de relations. Mais une fois ce travail fait, suivre l'histoire n'en est que plus savoureux puisque, contrairement aux personnages, on a une vue d'ensemble de la situation et des enjeux de telle ou telle rencontre. Position d'autant plus intéressante que dans le San Fransisco décrit par Armistead Maupin, où se côtoient homosexualité, drogue et pantalons pattes d'eph tout peut arriver.

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"There was so much hairspray they probably had to make an Envitonmental Impact Report before they could hold the party !"



31 août 2013

Jane Eyre: morale, passion et féminisme

Charlotte Brontë, 1847

Traduit de l'anglais par Charlotte Maurat


Résumé : Après une enfance difficile, Jane Eyre, jeune orpheline élevée par une tante cruelle trouve un poste d'institutrice à Thornfield Hall. Elle fait là-bas la connaissance du maitre des lieux, le dur et froid Mr. Rochester. De jour en jour, leur relation devient plus intime et ils tombent amoureux. Mais de surprises en coups de théâtre, Jane se verra obligée de suivre son sens de la morale et de fuir le bonheur.

Roman emblématique de la littérature britannique, Jane Eyre ne m'a pas déçu. Tout y est, drame, passion, héroïsme et surtout une histoire qui finit bien. Voir même un peu trop bien, j'ai un peu de mal avec le schéma "ils vécurent tous heureux et eurent beaucoup d'enfants" lorsqu'il est poussé à l’extrême (sérieusement, M. Rochester aurait très bien pu vivre heureux sans retrouver la vue, je me serais bien passé de ce miracle qui apporte un peu de kitsh à ce roman par ailleurs bien plaisant.)

Bon je râle un peu pour la forme mais en vérité je recommande ce roman. On ne s'y ennui pas une seconde, dès qu'une situation commence à tirer un peu en longueur, Charlotte Brontë s'arrange toujours pour introduire un élément nouveau qui nous donne envie de continuer notre lecture.
De plus, j'ai beaucoup aimé le personnage de Jane qui me semble être un personnage "entre-deux", d'un côté jeune fille modèle avec un important sens du devoir et de la morale, de l'autre côté jeune femme forte et déterminée à faire entendre sa voix dans une société pourtant bien patriarcale. 

Si il fallait un dernier argument en faveur de ce roman, j'évoquerais les capacités de l'auteur à recréer l'atmosphère désolée des landes du Yorkshire qui nous offre la délicieuse ambiance gothique que j'aime tant !

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" La joie effaça bientôt tout autre sentiment; le vent pouvait souffler avec rage, le tonnerre gronder avec force et tout près, les éclairs furieux se succéder avec éclat, la pluie tomber en véritables cataractes pendant les deux heures que dura cet orage, je n'éprouvai qu'un peu de religieuse terreur, mais aucune crainte. Par trois fois Mr. Rochester vint à ma porte au cours de cet ouragan me demander si je n'avais pas peur, si je me sentais en sécurité: et c'était là un réconfort, une force, permettant de tout affronter."

30 juillet 2013

Le mardi sur son 31 : Jane Eyre

Me voici de retour avec un nouvel épisode du Mardi sur son 31.

Cette semaine je vous présente un extrait de Jane Eyre:

" Je séchai mes larmes, étouffai mes sanglots, craignant que le moindre expression d'un violent chagrin n'éveillât une voix surnaturelle consolatrice, ou ne fit surgir de l'obscurité un visage auréolé qui se pencherait sur moi avec une étrange pitié."
Jane Eyre, Charlotte Brontë

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22 juillet 2013

Moon Palace: trois vies et un roman

Paul AUSTER, 1989

Traduit de l'américain par Christine Le Boeuf

 

Résumé : En 1965, Marco Stanley Fogg est un pauvre étudiant vivant dans un appartement meublé de livres. Se laissant porté par la vie, il perd son appartement et se retrouve bien vite à errer dans Central Park. Après de longues semaines d'errance, il sera recueillit par un des ses amis. Devenu ensuite homme de compagnie d'un handicapé, M.S ira de coïncidences en découvertes pour finalement découvrir qui il est vraiment et commencer à vivre.

" Il y a longtemps, certes, que cela s'est passé, mais je me souviens bien de cette époque, je m'en souviens comme du commencement de ma vie." Par ces mots, on comprends aisément que Moon Palace est un roman initiatique. Solitude, misère, errance mais également amour et rencontres permettrons à M.S de se forger une identité en faisant notamment la rencontre de son père et de son grand-père. Car c'est uniquement en découvrant la vérité sur son passé qu'il pourra accéder réellement au moment présent et commencer à vivre sa vie. Par là même, se roman est un roman d'aventure lorsqu'il se concentre sur le récit de la vie de Thomas Effing et celle de Salomon Barber. Ainsi, le roman ne conte pas uniquement la vie du personnage principal mais également celle de deux autres personnes, le narrateur allant jusqu'à rester muet pendant de longues périodes laissant la parole aux autres personnages.

Ce que j'ai aimé dans ce roman c'est la relation aux mots et au langage qu'entretiennent M.S et Thomas Effing, en particulier leur amour des livres (je tiens un blog littéraire, vous aurez donc compris que je me sens assez proche de cette idée). J'ai particulièrement apprécié les scènes de description des rues new-yorkaises et le soucis de trouver la formule juste ("Que vois-tu ? Et si tu le vois, comment l'exprimer en paroles? L'univers pénètre en nous par les yeux, mais nous n'y comprenons rien tant qu'il n'est pas descendu dans notre bouche."). Le roman développe également d'autres thèmes tels que la solitude et la quête d’identité.

Globalement, j'ai beaucoup apprécié ce livre même si je dois bien avouer que j'ai été quelque peu gênée par certaines coïncidences qui me paraissaient trop grosses et Feux-de-l'amouresques. Je recommande néanmoins Moon Palace ne serait-ce que pour apprécier le personnage d'Effing qui, bien qu'étant insupportable est plus que savoureux !